Quelques conseils de Corran Addison

Voici quelques conseils de Coran Addison, un des meilleurs SUPers d'eau-vive outre atlantique. Ceci est une reformulation de ses conseils prodigués en anglais et est donc susceptible de contenir des erreurs de traductions ou d'interprétation.

Ces conseils s'adressent plutôt aux SUPers d'eaux-vives expérimentés et pour des rivières à partir de la classe III.

Utiliser la position kung-fu

Les pieds doivent être en position kung-fu: pieds écartés à largueur d'épaules, un pied devant le centre de gravité de la planche (poignée), un pied derrière, pointe du pied arrière sur la même ligne que le talon du pied avant. La raison: cela donne une bonne stabilité latérale comme longitudinale. La position du surfeur (un pied devant un pied derrière les deux alignés sur le milieu de la planche) donne un sentiment de stabilité car les vagues de rivière heurtent la planche de devant en général. Mais n'importe quel petit mouvement d'eau latéral conduit au déséquilibre. Il convient toutefois d'utiliser la position surfeur:

  • lorsqu'on surfe une vague de rivière (logique!)
  • lorsqu'on descend un seuil ou cascade car dans ce cas l'équilibre avant-arrière est beaucoup plus important que l'équilibre latéral

Ne jamais changer la pagaie de côté

La raison est simple, lorsque la pagaie est en l'air, elle ne peut pas servir à se diriger ni à s'équilibrer. Préférer un bon apprentissage du col de cygne (Coup de pagaie en C), et des appels en croisés (faire un appel du côté opposé sans changement de main).

Ne pas hésiter à changer les pieds de côté

En position kung-fu, le pied avant est celui du contrôle et celui arrière celui de la force. Du coup on va préférer avoir le pied du contrôle plus haut et donc du côté d'où vient le courant (car on montre le dos de la planche au courant pour ne pas se la faire enterrer). Dans ce cas un rapide mouvement de pieds pour inverser la position peut être utile. Dans le cas d'une manœuvre de ferry ou de reprise, il doit se faire à l'exact moment où le nez de la planche entre en contact avec le courant que l'on veut traverser et juste avant le premier coup de pagaie.

En revanche si vous sentez que le changement de pieds va vous faire chuter, mieux vaut ne pas le faire.

Utiliser la pagaie pour avancer plutôt que pour s'équilibrer

Tout kayakiste vous le dira: lorsque vous ne pagayez pas, vous êtes à la merci du courant et descendre un rapide consiste dans ce cas à garder l'équilibre en suivant la ligne naturelle que prend l'eau de l'endroit où vous avez commencé le rapide. Or ce n'est pas forcément la trajectoire que vous voulez avoir. Il faut donc utiliser la pagaie pour se propulser et donc se diriger et pas pour s'équilibrer. Bien sûr il y a des moments d'équilibrages, mais ils souvent être courts et minoritaires. Comment faire?

Premièrement il est important que l'équilibre vienne des jambes et non pas de la pagaie. Une bonne position kung-fu où l'avant du pied arrière est juste au niveau du talon du pied avant, un écartement des pieds égal à une largeur d'épaules est un bon commencement. Il y a des moments où la position surfeur doit être adoptée car le déséquilibre avant-arrière est trop important pour être géré par la seule position kung-fu: seuils et cascades. Mais dans ce cas on doit revenir à la position kung-fu aussitôt l'obstacle passé. Le jeu du genou arrière qui tantôt se rapproche tantôt s'éloigne du genou avant complète cette position. Ces mouvements de la jambe arrière doivent absorber les mouvements de la planche, tandis que le haut du corps reste gainé et plus statique.

Une fois cette position et ce jeux de jambes adopté, il faut s'occuper du pagayage: olive haute, manche vertical et proche de la tangente au bord de la planche en son milieu. Cela vous permettra de pagayer efficacement vers l'avant sans avoir à trop forcer sur le col de cygne pour éviter de tourner.

C'est là qu'opère la magie: un pagayage énergique donne de la vitesse, qui donne de l'équilibre. Au lieu de se reposer sur le tripode pieds-pagaie, on peut s'équilibrer par un bon coup de pagaie, et on a le meilleur des deux mondes: la directionalité et la stabilité. La difficulté étant de se lancer et de passer du mode rassurant du tripode au mode pagayage énervé.

Comment descendre une cascade

En général dans les photos et vidéo de SUP d'eau-vive commerciales, il y a toujours une cascade. Souvent le début, parfois le milieu, mais rarement la fin. Pour cause: sans le bon matériel et la bonne technique, il est impossible de descendre une cascade de plus d'un mètre sans chuter.

Décomposons la descente: on commence par un petit ollie style skateboard. C'est obligatoire pour que les ailerons n'accrochent pas. Puisqu'on pousse sur la planche, celle-ci descend plus vite que le rider qui était dessus. Sur les petites cascades ça ne pose pas de problème, mais à partir d'une certaine hauteur le rider et sa planche ont des trajectoires en l'air trop divergentes (surtout si la planche se met à tourner).

L'autre problème, pour que le nez de la planche ne se fasse pas enterrer par le courant à l'arrivée, on a tendance à le lever avant la cascade. En mettant du poids sur l'arrière forcément. Ce qui fait qu'on arrive en bas de la cascade complètement à cul.

Le troisième problème, c'est qu'on arrive avec une certaine vitesse sur une planche qui a déjà perdu sa vitesse. Donc après avoir atterri à cul on est projeté sur l'avant.

Voici comment Corran a réglé ces problèmes pour passer de 10% d’atterrissages réussis à 80% sur des cascades de 1.2m et à de 1% à 50% sur des cascades de 3m:

  • Il a commencé installer une dérive rotative qui se soulève toute seule lorsqu'elle rencontre un obstacle https://www.youtube.com/watch?v=itfPF_X-418 . ça permet de s'éviter le petit ollie au début de la cascade
  • Il a ensuite mis un strap à l'avant. Pas un strap standard, mais un strap qu'il a mis au point: "Stomp Hook". Je n'ai pas compris exactement ce que c'est mais ca ressemble à un demi-strap, très rapide à enlever en cas problème. On lève le nez de la planche plus facilement, et surtout on reste en contact avec la planche lorsqu'on est en l'air et lui permet de garder son poids centré par dessus la planche
  • Il a ensuite ajouté un strap arrière afin de ne pas partir en avant lors de l'atterrissage
  • Niveau technique:
    • il donne un "couple en biais" à sa planche. Par exemple s'il descend une cascade par sa gauche, il se mets à droite, puis fait tourner sa planche de la droite vers la gauche (possible seulement avec une planche qui a des rails). Deux coups de pagaie avant la cascade, il passe de la position kung-fu à la position surfeur, met son pied avant dans le strap puis son pied arrière. Il garde son poids centré, et donne un dernier et fort coup de pagaie sur la droite. La tendance naturelle est à donner un coup équilibrant, mais il faut se forcer à donner un coup puissant. Ça permet de soulever le nez sans ajouter du poids sur l'arrière de la planche et permet d'atterrir loin de la zone de rappel à la base de la cascade. Pendant ce dernier coup de pagaie, il soulève le pied avant, mais sans appuyer sur le pied arrière, et en gardant le poids centré sur le milieu de la planche.
    • à l’atterrissage, il y a toujours un mouvement de pagaie pour s'équilibrer, mais aussitôt celui-ci exécuté, il pagaie fort vers l'avant. Il plie les genoux et accroche bien le pied arrière à son strap pour ne pas partir en avant

Problèmes fréquents:

  • Chute vers l'avant: nez pas assez soulevé au décollage, pas assez de vitesse au décollage qui fait qu'un aileron accroche, ou alors le nez de la planche est trop large et trop plat et fait ventouse
  • Chute en arrière: trop de poids mis sur le pied arrière au lieu de soulever le nez. C'est comme dans un half-pipe: si on commence poids en arrière, c'est pire à l'arrivée.
  • Chute sur les côtés: il faut s'entraîner à garder le poids centré par dessus la board
  • Pas de straps ni de dérive rotative: rien d'autre à dire que "il faut le bon outil". A la limite c'est toujours possible de bricoler pour en ajouter.

 

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